COMMENT LA VIE A COMMENCE ?

Pour déterminer l’époque de l’apparition de la vie sur Terre et répondre à la question « quand ? » de nombreux paléontologues s’efforcent de trouver, identifier et dater les premières traces du vivant. Les publications sur ce sujet s’enchainent et la compétition internationale est grande pour trouver ces plus anciennes traces de vie. Aujourd’hui nous pouvons affirmer que les traces datées de -3,4 / -3,5 milliards d’années sont attestées et incitent à penser que la vie est apparue sur Terre vers -3,9 / -3,8 milliards d’années, datation d’autres traces plus ténues et encore quelque peu contestées. La saga de ces découvertes récentes est contée.

Pour ce qui concerne la question « où ? » il n’y a que deux hypothèses possibles : la vie se serait formée sur Terre ou la vie est venue d’ailleurs.


ALEXANDRE MEINESZ Professeur émérite (Lab CNRS FRE "ECOMERS"  Université Nice Sophia Antipolis)  a eu de nombreuses fonctions collectives concernant l’aspect scientifique, économique et social de la protection de l’environnement  :

Nommé par le Préfet de Région Provence - Alpes - Côte D'Azur au Conseil Economique et Social Provence Alpes Côte d'Azur (CESR -PACA) de 1984 à 2013 représentant le comité scientifique de l'URVN (Union Régionale pour la sauvegarde de la Vie, de la Nature et de l'environnement).

Élu Président de la commission Environnement et Energie du CESR PACA (cinq mandatures de septembre 1989 à octobre 2013)

Administrateur de l'Agence Régionale pour l'Environnement de 1989 à 2013

Nommé par le Ministère en charge de l'Environnement au Comité Scientifique du Parc National de Port-Cros depuis 1981

Nommé par le Directeur du Parc Naturel Régional de Corse puis par le Président de l'Office de l'Environnement de la Corse, membre des Comités Scientifiques des Réserves Naturelles:
    - de Scandola depuis 1977 (Création de la reserve)
    - des Îles Lavezzi - Cerbicale | Reserve naturelle des Bouches de Bonifacio - depuis 1983 (Création de la reserve)
A été nommé par le Préfet de la Région Corse :
    Membre du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel de Corse (CSRPN) (Arrêté du 14/5/1993)
    Membre du Comité de pilotage du Parc Marin International des Bouches de Bonifacio (depuis 1993)



EXTRAIT DE L'INTRODUCTION DU LIVRE D' ALEXANDRE MEINESZ

Cet essai s’adresse à un large public ayant des notions élémentaires de biologie. Le sujet couvre l’origine des grandes étapes de l’élaboration du vivant. Il concerne les domaines de la biologie, de la paléontologie, de l’écologie, mais aussi de la philosophie et de la théologie.

Il s’agit d’une synthèse de multiples données scientifiques, pour la plupart très récentes (moins de 15 années). Cette synthèse est présentée en neuf chapitres, illustrés par des expériences personnelles ou concernant ma vie professionnelle de chercheur, d’enseignant et de gestionnaire de l’environnement. Mon admiration pour un tableau de Vermeer, représentant Antoni van Leeuwenhoek, le découvreur du vivant microscopique, est l’une de ces illustrations qui visent à offrir une lecture moins académique d’un sujet habituellement difficile à communiquer.

Dans cet ouvrage, je distingue trois origines, ou Genèses, relevant d’une stratégie évolutive majeure caractérisée par la devise « l’union fait la force » et quatre types de hasards ayant présidé à la construction du vivant.

Après l’évocation de l’émergence de l’Homme et de sa conscience (chapitre 1), les trois genèses identifiées sont celles des premières bactéries (chapitre 2), des premières cellules animales et végétales (chapitre 4) et des organismes composés de plusieurs cellules (chapitre 7). Cette description d’une évolution du vivant par étapes innovantes une fois formulée, j’ai souhaité mettre en avant la prééminence des bactéries (chapitre 3) et des espèces animales et végétales unicellulaires (chapitre 6) dans l’histoire naturelle et dans la biodiversité actuelle. L’évolution qui a marqué ces lignées s’est effectuée sur des cellules isolées et explique leur position dominante dans la vie. Je montre enfin que le processus d’évolution a été scindé en quatre types d’évènements fortuits (hasards ou contingences) qui ont sculpté le vivant.

Trois sont « créatifs » (les mutations génétiques, le brassage génétique de la reproduction sexuée et la sélection naturelle : chapitre 5), le quatrième est destructeur (l’ensemble des grands cataclysmes : chapitre 8). Dans l’avant dernier chapitre (chapitre 9), je souligne les difficultés de percevoir le temps incommensurable de l’évolution au regard du temps cyclique des changements naturels qu’on peut constater en une génération. Enfin, dans l’épilogue (chapitre 10), j’aborde les divers sens que l’on peut attribuer à la grandeur du vivant.

Dans cette synthèse globale de l’évolution du vivant, je mets en lumière le rôle clef d’un principe structurant ayant donné naissance aux trois processus différents de genèses. Ce principe commun est l’union. En effet, ce fut d’abord l’association et l’union de molécules organiques, particulièrement l’ARN et l’ADN, qui ont produit les premières bactéries. Ce fut ensuite l’addition et l’union de bactéries qui donna naissance aux lignées généalogiques différentes d’animaux et de végétaux unicellulaires.

Enfin, ce fut l’union de cellules de la même espèce qui permit le développement d’organismes pluricellulaires visibles à l’œil nu et considérés comme autant d’associations viables de cellules. Le principe de l’union, est une grandeur du vivant, c’est une tendance évolutive majeure basée sur la sociabilité et la solidarité. L’union a donné la force de la vie ; grâce à l’union, l’éventail du vivant a pu s’élargir. De même, c’est aussi l’union des hommes qui a donné les civilisations, et c’est la mise en commun des connaissances qui est à la base de la prééminence de l’espèce humaine sur Terre.

Et seule notre cohésion et notre solidarité nous permettront de résoudre les problèmes globaux majeurs d’environnement auxquels nous sommes déjà confrontés et allons l’être davantage encore dans les prochaines décennies et dans les siècles à venir. Cet épilogue se termine par un plaidoyer en faveur d’une plus grande responsabilité dans la prise en charge de la vie sur Terre, nécessitant avant tout une meilleure éducation à l’environnement et à tout ce qui concerne le vivant.

En ma qualité de biologiste écologue, spécialiste des milieux marins et des premiers organismes qui ont colonisé la Terre (les algues), j’apporte dans ce livre un éclairage différent de celui des microbiologistes, biochimistes, généticiens ou paléontologues qui vulgarisent habituellement les principales thématiques développées ici. Certaines interprétations de l’évolution du vivant sont originales.

Elles ont bénéficié d’une lecture approfondie et critique par d’éminents spécialistes lors de l’édition de la version américaine de l’ouvrage. L’origine de la vie relève de la biologie théorique, ce sujet se prête ainsi à des hypothèses devant être vérifiées ou infirmées par la suite. Je défends ainsi un point de vue qui ne sera pas nécessairement partagé par tous les spécialistes. Mais tant que plusieurs interprétations sont possibles et que la preuve irréfutable de tel ou tel phénomène n’a pas été apportée, les théories font avancer la science.